La loi relative à l’aménagement, la protection et la mise en valeur du littoral, fait partie de ce lot des lois essentielles, portant des vrais titres qui racontent simplement ce qu’elles sont et permettent de faire ou de préserver…
C’est à contre courant du défilé nourri de la surproduction législative de nos chambres parlementaires françaises, qui intitulent à tout va en donnant aux lois des noms de ministres de plus en plus éphémères, ou bien des abréviations incompréhensibles du commun, pour donner un peu l’illusion d’un pays qui se réforme positivement par l’annonce de textes qui ne connaîtront peut-être, pour moitié, jamais leurs décrets d’application…
Le président de la République a eu des mots violents, lors de son passage à Quimper le 21 juin 2018, en parlant « des aberrations » de la loi littoral…
Nous avons voulu avec l’ensemble du comité de rédaction et les auteurs ayant contribué activement à ce numéro, illustrer par des témoignages et des expériences de projets très diversifiés, simplement les bienfaits et la richesse de ces vrais textes fondateurs. Ils sont des remparts contre la spéculation financière effrénée. Spéculation visant pour un petit nombre à s’enrichir, en saccageant ou s’appropriant, la magnificence de nos côtes naturelles, en privatisant des rivages communs au profit d’un seul, en illustrant l’intelligence de la France et l’engagement des nombreux élus du littoral, a préservé l’esprit de la loi, malgré les puissantes pressions qui subsistent pour la fragiliser…
Par cette attitude vertueuse, c’est poursuivre aussi notre valeur d’exemple pour d’autres rivages européens et d’ailleurs qui n’ont su encore raisonner l’aménagement de leur côtes maritimes ou lacustres et en payent aujourd’hui les conséquences écologiques et économiques…
Mais la Nature est aussi là pour rappeler les vraies règles du jeux, loin des abstractions et des lois humaines… Certains imaginent encore pouvoir « lutter » contre l’Océan…. combat qui dans le temps est perdu d’avance et qui nécessite de changer nos comportements, nos regards, nos égoïsmes… notre rapport à la Terre que nous habitons et la circulation des énergies que nous pouvons utiliser positivement comme ressources plutôt que de les contrarier…
Notre mémoire humaine est trop courte et partiellement amnésique de qui nous sommes potentiellement… mais on se souvient des anciens vrais conquérants de la mer, aventuriers du continent bleu, à la recherche d’un ailleurs, bravant, comme les peuples premiers d’Océanie, ou plus tard les navigateurs Vikings découvrant l’Amérique bien avant Christophe Colomb, emplis de ce courage audacieux de suivre le chemin des étoiles par-delà la Terre… de transformer des rêves clairvoyants, en réalité partagée… mais ils étaient aussi les meilleurs connaisseurs des richesses de leurs littoraux et des abris naturels qu’ils constituaient lorsque les Dieux de l’hier, grondaient de colère…
L’humain s’est lancé dans la conquête spatiale en dépassant les frontières de nos orbites terrestres et peu à peu avec des sondes dépassant le limes connu de notre système solaire… Mais plus proche de nous, une bonne part de nos océans reste encore méconnue… nous nous réunirons peut être un jour avec les peuples mythiques de la mer…pour prendre conscience aussi que l’urbanisation démesurée, qui dépasse les capacités d’accueil d’un territoire , a des conséquences au-delà de nos seuls intérêts…
Les aveuglements de certains font contredire des évidences : le niveau des océans évolue, le trait de côte est en mouvement… et nous pouvons sans prendre obligatoirement connaissance du dernier rapport du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, lire régulièrement dans la presse, la disparition d’îles ou d’îlots… dans des archipels du Pacifique, dans les eaux territoriales discutées entre Japon et Fédération de Russie, et plus proches de nos eaux atlantiques, les rivages de Nouvelle Aquitaine ou de Floride, montrant des immeubles de moins de six décennies construits loin des vagues, dont les fondations sont aujourd’hui léchées par la mer…
Retrouverons-nous peu à peu le bon sens de nos architectures nomades et flottantes, en cessant de cultiver la croyance en l’inamovible et nous permettant ainsi de vivre responsable au delà de nos existences avec subtilité et harmonie ?